Billet d’humeur #32 | 23/01/2020 par Nicolas Godin

Quelle place Artús occupe-t-elle dans les identités musicales et visuelles de Nicolas Godin ?

Alors tu fais bien de mettre ça au pluriel !

Dans Artús – et dans un paquet de groupes – les identités esthétiques, culturelles, et donc musicales et aussi visuelles de chacun de nous influent forcement sur le groupe et sur chacun des membres. Et inversement. Même sans qu’on s’en rende compte.

Quand je suis arrivé dans Artús, je ne connaissais rien aux musiques traditionnelles et au rock progressif par exemple. Deux des plus grosses influences du groupe.
Mais par contre j’ai apporté ma vision du rock, du bruitisme, l’intérêt pour les creative commons, la photo, la vidéo.

Chacun apporte ses petites pierres pour former un immense tas de cailloux !

Par endroit c’est bien entassé, rectiligne, propre et il y a des recoins un peu en vrac, avec des caillasses un peu en équilibre. Certains d’entre nous arrivent à être hyper stable sur des endroits près à se casser la gueule et pour d’autres c’est l’inverse mais on change de rôle suivant les situations et les moments. Parfois on est assez proches pour tenir tous ensemble sur le même petit caillou en équilibre instable.

C’est beau hein ! Mais c’est pas tout rose tout le temps. Comme dans n’importe quelle relation interpersonnelle. Les goûts, les désirs, les compromis, les partages… En fait ça donne la musique qu’on joue.
On avait du mal à la définir et à répondre quand on nous demandait quel style de musique on jouait. On a réfléchi. Et on s’est retrouvé assez proche de ce qu’on appelle le Rock In Opposition (Henry Cow, Etron Fou Leloublan, Aksak Maboul…) aussi bien au niveau politique que musical. Mais bien sûr, il y a aussi des influences que personne ne va soupçonner… Ou au contraire, on va nous trouver des influences qui n’en sont pas. Ou pas directement. Par exemple, tu citais tout à l’heure Sun O))) et GodSpeed ! You Black Emperor et bien ce sont des groupes qu’on n’écoute pas ou très peu.

Pour revenir à ta question, au niveau visuel, je m’occupe beaucoup de tout ce qui est photo et vidéo, aussi bien pour Artús que pour notre collectif Hart Brut. Benjamin Rouyer, notre sonorisateur, m’épaule beaucoup là-dessus. Ça va de photos et vidéos de reportage pendant les tournées aux photos de presse en passant par des clips et teasers. Et au sein de notre label Pagans, je suis aussi amené à gérer tous les visuels des réseaux sociaux et certaines pochettes de disques. Pour ce qui est d’Artús, c’est Thomas Baudoin – un des chanteurs d’Artús – qui réalise toutes nos pochettes.

Et au niveau musical Artús m’a beaucoup modifié. Augmenté je dirais. Je suis arrivé en batteur de noisy pop amateur de bidouilles électroniques et de musique acousmatique pour devenir en plus un grand amateur des rythmiques en 17/16 et des complaintes béarnaises. Et quand je dis Artús, je parle de chacun des membres. Quand on passe autant de temps avec des gens, on n’en reste pas indemne. Il n’y a pas un Artús qui ne m’a pas apporté quelque chose.

_extrait d’une interview de Nicolas Godin par Marc Bertin
à paraître dans JunkPage en février 2020

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