Dimanche 10 décembre // Paris // Gare Montparnasse // ça fait froid et ça pleut sévère // au matin
J’étais sur le retour d’une tournée avec la Cleda, une belle tournée de 3 jours, crevante mais riche de rencontres, la tête et le cœur remplis de tous ces beaux moments de musique. Je l’ai rencontré en bas des marches de la gare. Il s’appelle Alex, il vient de Bulgarie. Débarqué fraîchement en France depuis 3 mois, sans emploi, sans logis, comme le titre du journal qu’il vend. Je lui achète, 5 euros : dedans, entre sudokus et mots fléchés, un article complet pour regarder les choses du bon côté. La couverture, c’est le visage du Père Noël qui, dans un souffle pleins de plumes, dit « Joyeux Noël ! ». Ce serait pas réel que ça en deviendrait comique.
On discute, il s’intéresse à ce que je fais, je lui explique. Il me décrit à son tour sa situation, gouttes d’eau glacées lui tombant sur le visage, trempant si c’est encore possible ses cheveux et sa veste. Il vit à la rue, dort dans une tente dans le meilleur des cas, ne trouve pas de boulot. Il a laissé sa famille, loin là bas et n’a que quelques amis sur place.
Alors il vend « Sans Logis », avec son Père Noël en couverture et ses conseils pour positiver, avec ses sudokus et ses mots fléchés, dans l’espoir de s’acheter un duvet à 25 euros. 25 misérables euros qui le séparent d’une nuit relativement confortable, bordel.
J’ai terminé ma clope, pris 20 euros sur le peu d’argent que j’avais gagné en tournée et lui ai donné.
Ce soir là, Alex le Bulgare a peut être dormi un peu mieux sous sa tente. Ce soir là, Alex le Bulgare a peut-être retrouvé un peu de ce que j’ai perdu : confiance en le monde qui nous entoure.
« Joyeux Noël ! » avec les plumes et le Père Noël souriant qui va avec.
Matèu Baudoin