J’ai rencontré un des éminents membres de la «famille» Artús alors que nous étions adolescents acnéiques fans de Led Zeppelin et de heavy-metal, avec de la sympathie pour la question punk, parqués par chambres de huit, «Nevermind» en boucle, sous l’œil du St Esprit et de ce surveillant inquiétant. D’entrée, on était bien partis.
Puis est venu le temps de grandir et trouver sa voie, lui se dirigeait vers des études de biologie et de musique avec un fort penchant pour l’expérimental et le Trad Gascon, auquel je ne comprenais pas grand chose, pour ma part en route vers des études de commerce en écoutant beaucoup de musique d’obédience bruyante, puis plusieurs métiers plus ou moins utiles, et l’organisation de petits concerts de rock’n’roll. J’ai eu la chance de pouvoir suivre la carrière du groupe depuis ses débuts, en n’adhérant pas à tout de cette musique hybride mais en étant toujours bluffé par l’évolution permanente, audacieuse et radicale de ces curieux conteurs-explorateurs sonores.
Artús était la partie immergée de l’iceberg. En intégrant les rangs d’Hart Brut, je découvre un monde parallèle fourmillant de groupes, d’artistes, de collectifs, de labels, de festivals, d’organismes, de petits bars & cafés, d’associations, de gens de tous âges avec une passion et une motivation contagieuses pour célébrer une culture, une langue, des histoires et des rythmes, des mélanges sonores (in)temporels qui arrivent même à sortir des clous et séduire les magazines et festivals les plus en quête de fraîcheur et d’authenticité.
Par ces temps troublés par trop d’auto-tune, de postures et d’idiocratie, où la musique est parfois vendue comme de la mousse de canard ou de l’art conceptuel, c’est un constat rassurant, même si l’équilibre entre culture et économie est fragile. Ravi de faire parti de cette aventure, autour de gens qui créent et se ré-inventent sans cesse, pour se rappeler des fondamentaux et mieux abolir les frontières en tous genres.
Julien / Maison Hart Brut