Accueillez ici les regards curieux de deux oïlitans sur une pratique artistique, humaine et sociale s’il en est, ancrée dans un pays tout montagné, nous, dont les horizons ne se cachent que rarement derrière quelques monticules beaucerons. Le vert, nous le côtoyons aussi malgré tout aux encablures sudeuses du fleuve qui nous baigne depuis petit, orléanais que nous sommes, c’est le coude septentrional de la Loire qui nous héberge. Nous avons donc suivi nos hérons et autres aigles bottés, et avons pris le sud – emprunté du moins – jusqu’au pays palois, qui voit naître ces jours-ci un nouvel ours.
Car c’est bien de cela dont il s’agit. Un ours hybride, mi-homme, mi-òmi. Né de l’envie de deux artistes du Tricollectif orléanais et d’un pilier lucquois d’Hart Brut – envie convergente d’animalité, de sauvagerie, de singularité, de biodiversité – car celles-ci, soyons-en assuré, ne seront jamais que des exhausteurs d’humanité. Et si nos routes s’arrêtent un temps ici, c’est que ce pays semble, à nos yeux centrés, porter des nuances autres, familières aussi, accueillantes sûrement, résolument fières. Et l’ours encore, dont Hart Brut suit sempiternellement la trace, celui là même qui vient nourrir notre imaginaire, qui vient nous apprendre comment se renifle la montagne. Lui, dont notre terroir ne se souvient plus de la couleur du museau, lui, nous nous rappelons ici que nous l’aimons.
Alors « coumm’ des étouel’s le long du chemin » nous cueillons de-ci de-là de quoi fleurir nos plafonds d’histoires nouvelles, de paysages aux accents toujours bien vivants. Nous sortant de notre tuta, le printemps a ézieuté l’ursin qui dormait en nous – sans un pet jusqu’à ce jour.
« Aux siffleurs poètes et aux maîtres tambours, dont les traditions orales portent des clefs de réconciliation de l’être humain avec son milieu naturel »
Adrien Chennebault – Le Tricollectif