L’été, la France regorge de festivals. Ce n’est pourtant pas une période où l’on joue massivement, en tous cas compte tenu de la quantité de scènes potentielles. Ça commence à se voir, les places sont prises par la même poignée de groupes du moment et, entre nécessité de remplir les caisses, course à la notoriété des événements ou simple envie d’animations grand public, les organisateurs se préoccupent plus d’avoir ces affiches formatées que de faire découvrir des artistes plus confidentiels.
Mais depuis quelques années le danger est ailleurs, et il devrait emporter gros et moyens festivals, préservant, on l’espère, les petites et toutes petites initiatives : l’arrivée d’entreprises internationales mastodontes de la musique.
Avec la chute du disque, l’industrie s’est subitement intéressée aux concerts, jusqu’alors principalement vus comme un support de promotion supplémentaire pour vendre des galettes. Signature de contrats globaux avec les artistes, développement dans toutes les branches de la profession, on appelle ça « faire le 360 ». Le principe est simple : quand vous possédez les artistes, les studios, les labels, les médias, les services de billetterie, administratifs et techniques, les salles et les festivals, tout l’argent revient dans vos poches, et personne ne peut vous contester cette hégémonie.
Sur le terrain, trois stratégies sont possibles : le contrôle à distance via un promoteur local, le rachat pur et simple ou la concurrence impossible. Si on rajoute des collectivités locales qui, les yeux pleins de stars, se laissent charmer par le discours rassurant d’une très grande multinationale, par des promesses bien plus solides que tout ce que pourra jamais offrir une association locale qui bataille dur pour faire les choses au mieux, on voit que le risque d’affaiblissement de la myriade d’initiatives qui caractérisent nos territoires est bien réel.
Laurent Moulédous