On nous demande souvent « comment fait-on pour trouver des concerts », « comment on se fait connaître dans les (divers) réseaux de salles de spectacles, dans les (nombreux) festivals… » ? Chacun a sa formule, son vécu, souvent le fruits de rencontres, d’affinités, des hasards vrais ou provoqués (un petit conseil au passage : arrivez toujours en avance à la gare ou à l’aéroport lors du retour d’un salon professionnel, c’est ce qu’on appelle « le coup de l’ascenseur »).
Le démarchage reste le travail le plus ingrat des métiers du spectacle, c’est pourtant indispensable de s’y adonner à fond. Pour reprendre l’idée d’un jeu de hasard bien connu (maintenant privatisé) : « 100 % des groupes programmés ont démarché » ou « si tu fais, tu n’es pas certain que ça fonctionne, mais si tu ne fais pas, c’est certain que tu ne seras pas programmé ».
Et, pour nous, il faut tout tenter, avec cette idée de sonder la « sincérité » du programmateur : refuser une Scène Nationale à 350 € et accepter 150 € dans un petit bar qui fait tout ce qu’il peut depuis des années pour offrir des moments singuliers.
Alors partons pour une liste non exhaustive des concepts de NOTRE QUOTIDIEN…
Faire et valoriser c’est notre marque de fabrique, ça fonctionne même si ça demande beaucoup d’énergie et d’organisation, mais :
« Vous vous débrouillez très bien avec peu de moyens, il n’y a pas de raison de vous aider plus. »
Accepter de jouer partout tout le temps, c’est ce qui nous a permis d’exister, mais :
« On voudrait profiter de votre souplesse pour vous faire jouer sur un nouveau créneau, un nouveau lieu, un nouveau public, une nouvelle formule… en début et en fin de soirée autour de la tête d’affiche… on verra si ça prend. »
Parler, philosopher sur nos savoirs, sur notre organisation, c’est primordial pour se stabiliser, pour construire, mais :
« Vous pourriez venir parler de votre fonctionnement et de votre musique ? On vous programmera peut être l’an prochain. »
Créer du réseau et du lien entre les structures et les esthétiques, c’est une réelle force fondée sur la transversalité de nos pratiques, mais :
« On est intéressé, mais on doit d’abord construire des partenariats pour valoriser votre venue. »
Transmettre et partager, c’est la base des musiques de l’oralité, mais :
« On a prévu de l’action culturelle en amont pour attirer un public différent… vous pourriez arriver plus tôt pour animer un stage. »
On est bien conscients de la difficulté de programmer des groupes qui n’ont pas une légitimité médiatique et ayant en plus des esthétiques originales avec une rentabilité commerciale faible, mais il est certain que malgré notre formidable énergie collective, parfois, nous nous usons à convaincre.
En tous cas, si vous n’êtes pas totalement démoralisés, on vous conseille un rendez-vous le vendredi 27 septembre à Saint-Vincent de Tyrosse où ces questions seront mises en discussion : FORMA pour FORum des Musiques Actuelles.
_Laurent Moulédous, Romain Baudoin & Caroline Dufau