Romain Baudoin // Arrehar, Lo Filme

Album CD e numeric : https://romainbaudoin.bandcamp.com/album/arrehar

– Filmat a l’Ecomusée de Marquèze deu 3 au 7 de mai 2021
– Thierry Moinet : realizacion e montatge
– Romain Baudoin : sonsaina (Pimpare cousin, Jenzat, 1930) / tamborins / armonicas / esquirons / caishetas / shiulet / calemeta / objèctes sonòrs
– Benjamin Rouyer : presas de son, mesclatge, mastering Introduccion

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Collèctas tiradas de las Missions Landes I et II (1965-1966), musée national des arts et traditions populaires, hèitas per las etnomusicològas Claudie Marcel-Dubois e Marie Marguerite Pichonnet-Andral :

– 1.4.7. Marguerite Marie Pinsolle, collectada a Asur, barri de l’Estanc, lòcdit Vidao, lo 19 de seteme 1966, collècta (66.40.83)
– 2. Jean Duprat e Pierre Darrieutort, collectats a Aurice, lo 4 d’octobre 1966, collècta (66.40.266) / Germaine Braneyre e Alexine Gans, collectadas a Lucmau, barri Tillos, lòcdit deu Crec, lo 14 de junh 1965, collècta (65.39.163)
– 3. Jean Camille Carrère, collectat a Morcens, lo 16 de junh 1965, collècta (65.39.192)
– 5. Gilbert Cleyroux, collectat a Lucsèir, lòcdit de la Gravara, lo 15 de junh 1965, collècta (65.39.183 / 185) / Albert Capin, collectat a Gavarret, lo 17 de junh 1965, collècta (65.39.239 // 60.20.32)
– 6. François Mivielle, collectat a Ròcahòrt, lòcdit las 4 Rotas, lo 19 de junh 1965, collècta (65.39.317)
– 8. Henri Dauba, collectat au Mau Còrn Haut, lòcdit deu Gran Siton, lo 27 de seteme 1966, collècta (66.40.237) / René Laulan collectat au borg de Lucsèir, lo 11 de junh 1965, collècta (65.39.70)
– 9. Pierre Garrabos, collectat a Lucmau, barri Tillos, lòcdit deu Crec, lo 14 de junh 1965, collècta (65.39.149)
– 10. Marie Roubin, collectada a Gavarret, lo 17 de junh 1965, collècta (65.39.246)
– 11. Marie Garbay, collectada a Sabres, lo 1 d’octobre 1966, collècta (66.40.361 / 363)

Mercejaments : La mea familha en particular lo men Papeth taus tamborins / Lo Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne / L’Ecomusée de Marquèze / La Maison de l’oralité et du patrimoine / L’hestenau de las Nuits Atypiques / La companhia Hart Brut / Lo labèl Pagans e Nicolas Godin / L’associacion Jazz à Poitiers / Lo Théâtre Auditorium de Poitiers / Lo CIRDOC, institut occitan de cultura.

Aqueth disc qu’a estat produsit per Pagans dab lo sostien de las Nuits Atypiques, deu Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne / Ecomusée de Marquèze, deu CNM e de la SCPP. Pagans recep ajudas de la Région Nouvelle-Aquitaine e qu’ei membre deu RIM, deu SMA, de la FAMDT e de la SCPP.

PAGANS // Romain Baudoin – Arrehar

LO FILME « ARREHAR » per Thierry Moinet : www.youtube.com/watch?v=IgmJzf19XYY

« ARREHAR »
recommencer

Entre 1965 et 1966, deux ethnomusicologues françaises, Claudie Marcel Dubois et Marie Marguerite Pichonnet Andral, responsables de la phonothèque et du laboratoire d’ethnomusicologie du Musée National des Arts et Traditions Populaires (aujourd’hui Mucem) ont effectué des campagnes de collecte dans les Landes de Gascogne afin de recueillir les pratiques sonores communautaires de cette région.
Après deux années de collecte, elles sont retournées à Paris riches de 814 archives sonores, 694 photographies et 1202 notes manuscrites et dactylographiées.
C’est dans ce vaste fonds que je me suis immergé.
Ce sont ces sources que je vous présente ici très partiellement, non plus comme de simples objets d’étude, mais comme oeuvres d’art à part entière.
J’ai souhaité ne pas les modifier.
Je les ai conservées telles que je les ai découvertes, bruissantes de rugosités, d’imperfections, mais aussi intègres et d’une beauté que je qualifierais d’intrinsèque.
En les accueillant au sein de mon propre matériau sonore, je les laisse s’exprimer, je les accompagne, je dialogue avec elles et j’essaie, à ma mesure, de les incarner afin qu’elles accueillent, à leur tour, ma musique dans leur propre matériau sonore.
J’aime écouter et découvrir de nouvelles musiques, si possible d’artistes engagés, d’explorateurs sonores, de défricheurs, de pionniers ou de têtus, de créateurs qui me vrillent la tête, qui m’impressionnent et qui distordent ma réalité.
La musique expérimentale contemporaine regorge d’artistes qui comblent ainsi ma curiosité, mais « paradoxalement » j’écoute aussi depuis bien longtemps des collectes anciennes dans lesquelles je retrouve ce goût pour la matière première, l’énergie brute et l’engagement direct.

J’y perçois une manière singulière d’appréhender le son, loin de la musique de masse commerciale actuelle trop souvent tempérée, binaire, formatée, tonale, compressée… une fenêtre vers des savoirs faire et des savoirs être que je n’ai pas connus, qui ont parfois disparu et qui resurgissent à mes oreilles.
Il est par exemple remarquable d’entendre un si beau « parlat negue », le parlé noir, particularisme landais de la langue gasconne ; langue brumeuse remplie de [ə] faisant écho à cette lande horizontale, commune et sauvage qui lutta contre la plantation des pins, signe d’une modernité verticale, privée et « civilisée ».
J’écoute ces documents ethnologiques comme des oeuvres chargées de symboles et d’émotions, elles deviennent des muses sensibles, elles me permettent de relier un présent inventé à un passé fantasmé pour ouvrir une autre temporalité, un temps en diagonale.
Quand, par exemple, je réponds à la vielle de François Mivielle (quel nom ! – il semble attendre l’apport de ma propre moitié de vielle) qui, au détour d’un accordage, livre soudain une mélodie émouvante et probablement incomplète, c’est ce que je fais : je prolonge obliquement son geste passé dans mon geste présent.
Les zones d’ombres, les connaissances partielles, disparates, que comportent obligatoirement pour nous ces héritages oraux sont en réalité des aubaines pour inventer des imaginaires nouveaux : retrouver, recoller, combler, inventer, recréer sans hésitation.
Nous ne sommes finalement que des passeurs de mémoires et aucun d’entre nous ne sera propriétaire de ce savoir commun, de ce récit en perpétuelle mutation, en oubli permanent et qui par essence n’a aucune véracité.

Quoi de plus touchant que l’interprétation vacillante de Marie Roubin chantant « Lo Vailet e la serventa », qui nous emmène vers un ailleurs poétique insoupçonné.
La connaissance orale n’est pas un savoir absolu, mais bien un savoir relatif en mouvement.
Elle est comme un virus qui doit se transmettre et muter pour survivre.
Lorsque Marguerite Pinsolle chante encore pour nous « Approchez pour entendre », en faisant référence à une chorémanie, appelée aussi « danse de Saint Guy » (maladie envoûtante du Moyen Age qui faisait mourir les danseurs d’épuisement) nous restons stupéfaits devant la puissance narrative de cette chanson qui semble prendre racine dans un passé lointain, pourtant bien présent dans sa bouche en 1966, et aujourd’hui.
Ainsi, la création à partir des mémoires vivantes collectives semble vertigineuse car la matière première qui l’alimente est en résurgence permanente, friable, peu fiable et intraçable : elle a pour moi la beauté de l’infini, de l’inconnu, la valeur de l’unique.
Pour se rassurer, il faut continuellement revenir à la base, recommencer – « Arrehar » – afin d’approfondir, de saisir la complexité, la richesse et la sensibilité profonde et éviter une lecture superficielle ou, parfois, fantasmé.
L’ethnomusicologie peut aider, elle bénéficie d’une méthodologie rigoureuse et d’une analyse fine qui permet de dégager des systèmes et des fondamentaux stable.

Même si cette discipline m’intéresse, je ne suis pas ethnomusicologue, je suis musicien et mon positionnement est différent. Je suis notamment guidé par l’émotion, la poésie et le sens.
Je ne cherche pas forcément la référence, la réitération, la forme générale ou la « vérité », je m’appuie au contraire sur le particulier, le détail ou la rareté pour incarner une pratique singulière et habitée.
Mais soyons clair, je ne fantasme pas sur l’authenticité, sur la pureté ou sur le culte d’une tradition idéalisée, chimère des conservateurs.
Je lutte au contraire contre cette vision essentialiste en ouvrant des possibles.
J’aiguise mon esprit critique, ma subjectivité, je confronte mes à priori, je bouscule mes préjugés pour résister à la standardisation des formes et à la banalisation des esthétiques.
Je vois par exemple une corrélation inattendue, très probablement fausse, mais que j’associe dans mon maelstrom artistique, entre le commerce triangulaire du port de Bordeaux jusqu’au XIXe siècle, l’émergence du blues aux États-Unis en lien avec l’esclavage, de son inter-influence avec le folk américain, qui lui sera à l’origine du mouvement revivaliste français dans les années 70, période contemporaine des collectes.
On pourrait poétiquement faire des ponts entre ces musiques populaires et leur façon de « naviguer » à travers l’espace et le temps. Personnellement, j’entends dans les chants de caça-cans landais un lien artistique fraternel avec le blues du Delta.
Mettre en relation, trouver du sens et offrir une vision personnelle et ouverte du monde qui nous entoure, c’est l’objet de la création artistique.

« ARREHAR », comme le cycle de la transmission orale, reste ouvert.

Romain Baudoin, le 15/12/2021, Lucq-de-Béarn.

Collèctas tiradas de las Missions Landes I et II (1965-1966), musée national des arts et traditions populaires, hèitas per las etnomusicològas Claudie Marcel-Dubois e Marie Marguerite Pichonnet-Andral :

– 1.4.7. Marguerite Marie Pinsolle, collectada a Asur, barri de l’Estanc, lòcdit Vidao, lo 19 de seteme 1966, collècta (66.40.83)
– 2. Jean Duprat e Pierre Darrieutort, collectats a Aurice, lo 4 d’octobre 1966, collècta (66.40.266) / Germaine Braneyre e Alexine Gans, collectadas a Lucmau, barri Tillos, lòcdit deu Crec, lo 14 de junh 1965, collècta (65.39.163)
– 3. Jean Camille Carrère, collectat a Morcens, lo 16 de junh 1965, collècta (65.39.192)
– 5. Gilbert Cleyroux, collectat a Lucsèir, lòcdit de la Gravara, lo 15 de junh 1965, collècta (65.39.183 / 185) / Albert Capin, collectat a Gavarret, lo 17 de junh 1965, collècta (65.39.239 // 60.20.32)
– 6. François Mivielle, collectat a Ròcahòrt, lòcdit las 4 Rotas, lo 19 de junh 1965, collècta (65.39.317)
– 8. Henri Dauba, collectat au Mau Còrn Haut, lòcdit deu Gran Siton, lo 27 de seteme 1966, collècta (66.40.237) / René Laulan collectat au borg de Lucsèir, lo 11 de junh 1965, collècta (65.39.70)
– 9. Pierre Garrabos, collectat a Lucmau, barri Tillos, lòcdit deu Crec, lo 14 de junh 1965, collècta (65.39.149)
– 10. Marie Roubin, collectada a Gavarret, lo 17 de junh 1965, collècta (65.39.246)
– 11. Marie Garbay, collectada a Sabres, lo 1 d’octobre 1966, collècta (66.40.361 / 363)

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– Enregistrat a l’Ecomusée de Marquèze en presas directas shens apeçatges deu 3 au 7 de mai 2021

– Romain Baudoin : sonsaina (Pimpare cousin, Jenzat, 1930) / tamborins / armonicas / esquirons / caishetas / shiulet / calemeta / objèctes sonòrs

– Benjamin Rouyer : presas de son, mesclatge, mastering
– Thierry Moinet : captacion live, realizacion e montatge deus videoclips tau projècte
– Marion Caillou Baudoin : creacion grafica
– Visuau de cobèrta realisada segon ua fotografia de Pierre Garrabos, presa per Claudie Marcel-Dubois, lo 14 de junh 1965 (PH.1966.099.171)
– Franck Manuel : relectura e correccion deu tèxte

PAGANS // Calendrier de l’avent

C’est Noël avant l’heure chez Pagans ! Tout au long du mois de décembre, ce ne sont pas 2, ni 3 mais bien 4 sorties numériques proposées à prix libre !
Des inédits, des projets singuliers qu’on avait envie de vous faire écouter :

/ 3 Primates par Romain Baudoin, Romain Colautti et Alexis Toussaint,
/ Rencontorns par François Dumeaux,
/ Laboratòri #5 / Corps – Chair par Alexis Toussaint
/ Laboratòri #6 / Live à l’ Église du Gesù de Toulouse par Giulio Tosti et Romain Baudoin

Billet d’humeur #41 | 04/02/2021 par Romain Baudoin

Créons nos traditions ! […] Comment préserver sans figer ? Comment transmettre sans compromettre ? La mise en opposition stérile de la tradition et de la création n’est pas spécifique aux musiques de tradition orale, c’est certainement un débat qui anime l’homme social depuis son origine. La tradition doit s’installer sur un temps long. Ce sont des couches sédimentaires qui doivent être validées constamment par une reconnaissance culturelle, une transmission sous forme d’héritage. C’est une notion collective et en musique elle est le plus souvent reliée à l’oralité. La création est en général une initiative plus personnelle, une prise de … Lire la suite

Billet d’humeur #31 | 19/12/2019 par Romain Baudoin

CANICULA – « Cantas e danças de Gasconha ». Ni folklorique, ni folk ! Disque Ventadorn / Menestrèrs Gascons – 1983 Il est écrit : « 1er trimestre 1983 ». J’avais six ans et pourtant je me rappelle de la sortie de ce disque, dans ma familha ce fut un réel événement ! Je le connaissais avant qu’il ne tourne sur la platine car beaucoup de répétitions se passaient en dessous de ma chambre à Capbreton (Landes), dans le salon de coiffure de mon père, à l’adresse indiquée pour contacter le groupe. Mon père était coiffeur/musicien pendant que mon oncle … Lire la suite

Billet d’humeur #28 | 12/09/2019 par Laurent Moulédous, Romain Baudoin & Caroline Dufau

On nous demande souvent « comment fait-on pour trouver des concerts », « comment on se fait connaître dans les (divers) réseaux de salles de spectacles, dans les (nombreux) festivals… » ? Chacun a sa formule, son vécu, souvent le fruits de rencontres, d’affinités, des hasards vrais ou provoqués (un petit conseil au passage : arrivez toujours en avance à la gare ou à l’aéroport lors du retour d’un salon professionnel, c’est ce qu’on appelle « le coup de l’ascenseur »). Le démarchage reste le travail le plus ingrat des métiers du spectacle, c’est pourtant indispensable de s’y adonner à … Lire la suite

Billet d’humeur #26 | 04/07/2019 par Romain Baudoin

MISE EN ABÎME ! Le 14 novembre 2012 nous programmions à Pau, avec « La Centrifugeuse », le groupe japonais psychédélique Acid Mother Temple. Après un concert fort (très fort), puissant et sans concession, le public en transe réclame son bis. Ils reviennent donc pour une ultime chanson que vous pouvez découvrir ici. Sur la vidéo, des gens discutent du retour des musiciens, ils veulent les remercier mais en japonais ! Alors ils cherchent puis s’expriment maladroitement : « Ali gâteau, zai machiwa !!! » Pas de réaction de la « team nippone », le morceau démarre. Si on tend … Lire la suite

Billet d’humeur #20 | 10/01/2019 par Romain Baudoin

« Les bons artistes copient, les grands volent » Picasso En cette fin d’année 2018, un copain chanteur de Bretagne, Gurvan Molac de « Beat Bouet Trio », me demandait : « … j’aimerais bien disposer d’un petit dossier, genre brochure de propagande efficace pour expliquer au monde de la musique pourquoi les artistes indé doivent sortir de la SACEM. Je sais que vous partagez notre point de vue. Avez-vous travaillé sur un document comme ça ? ». Cette question nous a été souvent posée, car beaucoup savent qu’avec Artús nous utilisons les licences libres « Creative Commons » depuis plus de 10 ans… à l’époque ce n’était … Lire la suite

PAGANS // Romain Baudoin – Bestiari

Voici le nouvel album de Romain Baudoin, BESTIARI, disponible sur Pagans en numérique : https://pagans.bandcamp.com/album/bestiari
Et en CD chez Le Allumés du Jazz : https://www.lesallumesdujazz.com/produit-bestiari,2530.html

Romain Baudoin s’exprime depuis maintenant 6 ans avec le Torrom Borrom, instrument hybride vielle à roue et guitare électrique qu’il a imaginé. Un drone noise, proche du «désert rock », mystique et chamanique, est né de ce projet.

Didier Petit, via son célèbre label européen de musique improvisée In Situ, passe commande à Romain Baudoin pour un nouvel opus. Après le premier album qui faisait l’inventaire des possibilités du Torrom Borrom, ce second disque est l’occasion de pousser plus loin l’expérimentation et la recherche.

BESTIARI
Librement inspiré du bestiaire de Rigaut de Barbezieux.
Enregistrement live sans overdub et sans looper par Benjamin Rouyer.

Pièces 1/3/4/6/7/8 compositions enregistrées en studio les 15 et 16 juin 2016 à La Ferronnerie, Jurançon (64).
Pièces 2/5/9 improvisations libres captées le 13 octobre 2016 face à Belhara (64).

– Mastering : Maikôl Seminatore | http://www.theborder.fr
– Textes du livret : Frank Manuel | http://www.editions-anacharsis.com/Franck-Manuel
– Illustrations du livret : Marion Caillou Baudoin
– Photo instrument du livret : Nicolas Godin | http://www.n-godin.com
– Création graphique / photo de couverture : Jean-Yves Cousseau